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Une alternative fiable à la paille

La Ferme du Pradel a expérimenté l’utilisation des plaquettes de bois pour le paillage des bâtiments. Ce choix peut s’avérer intéressant pour les éleveurs ayant une ressource à exploiter.

POUR UN PRIX DE LA PAILLE À 100 €/T, CELUI DE LA PLAQUETTE NE DOIT PAS DÉPASSER LES 9,50 €/M3.

Peut-on remplacer la paille par les plaquettes de bois dans la litière des chèvres ? C’est à cette question qu’ont voulu répondre Idele et la Ferme du Pradel (Drôme). Avant de se lancer dans cette étude, Idele a sondé des éleveurs caprins pour connaître leurs interrogations et mieux cerner leurs pratiques. Il en est ressorti que rares sont les éleveurs remplaçant intégralement la paille par des plaquettes. Généralement, ils réduisent les apports de paille de l’ordre de 30 à 50 %. Les plaquettes sont également plus souvent utilisées dans les bâtiments abritant les chevrettes ou les chevreaux. « Dans notre étude, nous voulions savoir si le recours aux plaquettes de bois jouait sur la qualité des litières. Pour ce faire, nous avons évalué la présence d’Escherichia coli, producteurs de shigatoxines (STEC) », détaille Hélène Le Chenadec, experte en qualité du lait. Des litières en plaquettes de bois, sur une épaisseur de 12 cm, ont donc été utilisées, l’hiver dernier, pendant 12 semaines, à la Ferme du Pradel. Les responsables de la station ont réduit du tiers la quantité de paille apportée. Aucun changement notoire n’a été constaté au niveau propreté des mamelles.

UNE LITIÈRE AUSSI SÈCHE QU’AU PRINTEMPS

« Nous avons mesuré la température, le taux d’humidité et la présence d’E.coli. Nous n’avons pas noté de changement notoire par rapport à un paillage classique », constate Hélène Le Chenadec. « Les résultats étaient comparables à ceux d’une litière de printemps ». Même chose, côté temps de travail, aucune différence notoire n’est apparue. Ces résultats confirment les constats émanant de travaux en filière ovine. Entre 2018 et 2019, pas moins de 13 essais ont été conduits en ovins. Les résultats obtenus ont mis en lumière qu’il était envisageable de remplacer intégralement la paille par des plaquettes de bois sans effet notoire sur le bien-être animal. Il ressort toutefois que pour obtenir une propreté équivalente des animaux, il faut épandre plus de bois : compter 280 kg de plaquettes pour 100 kg de paille. Ce ratio est équivalent pour des brebis bénéficiant d’une ration sèche ou humide. Il est également apparu que toutes les essences peuvent être valorisées. L’élément essentiel étant de s’assurer que le taux de matière sèche des plaquettes soit proche de 80 %. Le bois doit être déchiqueté lorsqu’il est encore vert et les plaquettes doivent être taillées à 3 cm. Sur le plan économique, le prix d’intérêt des plaquettes est fonction de celui de la paille. Pour un prix de la paille se situant autour de 100 €/t, celui de la plaquette ne doit pas dépasser les 9,50 €/m3 apparent. En bovin, il est préconisé d’étaler une première sous-couche de 10 cm. En ovin, le travail mené par le CIIRPO(1) estime que cette première couche peut être de 4 à 5 cm, avec des ajouts de 2 cm d’épaisseur.
ERWAN LE DUC

  1. CIIRPO : Centre Interrégional d’Information et de Recherche en Production Ovine

DU BOIS AU MENU DES CHÈVRES DU PRADEL 

L’agroforesterie constitue une option intéressante pour permettre aux élevages de s’adapter au réchauffement climatique. Cette pratique réduit en effet le risque de stress thermique pour les animaux qui bénéficient ainsi de l’ombre des arbres. Parallèlement, elle augmente la valeur nutritionnelle des prairies. La densité de plantation des arbres et leur conduite (taille notamment) font toutefois l’objet d’étude. Il s’agit de trouver un juste équilibre pour ne pas pénaliser la production de matière sèche dans les pâtures. De son côté, la Ferme du Pradel étudie les atouts du mûrier blanc en pâturage estival. Cet arbre permet de diversifier et de sécuriser la ration des animaux en été. Le mûrier blanc est intéressant car riche en azote (taux  de matière azotée autour de 17 %), digeste pour les animaux (digestibilité enzymatique de 85 %) et résistant à la sécheresse. Cet arbre est traditionnellement utilisé pour l’alimentation animale dans les zones méditerranéennes en période de sécheresse. 

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