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Six idées à retenir sur la conjoncture 

 Le BTPL (Bureau Technique de Promotion Laitière) réalise depuis plus de 40 ans des suivis technico-économiques (calculs de marges alimentaires mensuelles et de marges brutes annuelles) d’exploitations laitières dans toute la France. Durant l’année 2018, pas moins de 850 exploitations bovin-lait et une soixantaine d’exploitations caprines ont ainsi été accompagnées. Nous vous proposons de revenir sur la synthèse de ces résultats présentée par Michel Lucas, spécialiste des élevages caprins.

Idée # 1 :Trouver des candidats à la reprise

La demande en lait de chèvre se fait toujours sentir du côté des consommateurs et par conséquent du côté des laiteries. « Cependant plusieurs difficultés ressortent. La première étant de trouver des candidats à la reprise disposant d’un fort niveau d’investissement tant personnel que financier, et ce, tout spécialement après la trace indélébile laissée par la dernière crise caprine, déplore Michel Lucas. En raison de ces obstacles, il est d’autant plus important de communiquer sur la bonne santé économique de la filière laitière caprine afin de motiver la nouvelle génération. C’est donc un nouveau défi qu’il nous faut relever pour garantir la production et l’avenir de notre filière. J’ajouterai que pour tout éleveur, posséder une connaissance des chiffres aussi bien techniques qu’économiques s’avère primordial. Cela permet de faire les bons choix, de mieux anticiper les difficultés à venir et ainsi de pérenniser son outil de production ». Le spécialiste souligne par ailleurs un intérêt de plus en plus marqué pour la production caprine au nord de la Loire et dans l’est de la France. 

Idée # 2 : Les systèmes dépendants de moins en moins … dépendants

Dans son échantillon, le BTPL différencie les éleveurs autonomes de ceux dits intermédiaires et des dépendants. La différenciation se fait en fonction des niveaux de concentrés et de matière sèche distribués (lire encadré). Le suivi du BTPL permet de constater que les exploitations qualifiées de dépendantes ont augmenté leur consommation de fourrages par chèvre et par an et ce depuis ces cinq dernières années. Ainsi, en 2018, ces élevages ont distribué 174 kg de matière sèche contre 115 kg en 2014. Par rapport à l’année passée, Michel Lucas observe une quantité de fourrage consommée par les animaux moins importante dans les systèmes intermédiaires et autonomes. Ainsi, de 2017 à 2018,  on est passé en intermédiaire d’une consommation de 365 à 362 kg de MS/ch/an et en système autonome de 544 à 527 kg MS/ch/an.

De façon logique et moins surprenante, le rapport du BTPL montre que les quantités d’aliments ingérées varient en fonction des fourrages consommés. En 2018, ces dernières étaient de 894 g/l de lait pour le groupe dépendant ; 787 g/l pour le groupe intermédiaire et 549 g/l pour le groupe autonome.

Idée # 3 : La marge brute des systèmes autonomes progresse

Depuis 2014, le travail de synthèse permet de constater une augmentation de la marge brute aux 1 000 litres de lait dans le système autonome, un maintien de celle-ci dans le système intermédiaire et au contraire une dégradation dans le système dépendant. Chez les éleveurs autonomes, la marge brute aux 1 000 litres de lait était de 319 euros/ 1000 litres en 2014 contre 436 €/1 000 litres en 2018.

Les résultats de marge brute aux 1000 litres se révèlent en cohérence avec les moyens de production, c’est-à-dire très liés au coût alimentaire pour le groupe dépendant soit 300 €/1 000 litres en 2018. La qualité fourragère et la bonne productivité globale sont essentielles pour le groupe autonome. 

Idée # 4 : La marge par unité de main-d’œuvre progresse chez les autonomes

Pour 2018, le BTPL constate que seul le système autonome a dégagé une meilleure marge brute par unité de main-d’œuvre (UMO) par rapport aux trois dernières années (96 563 € en 2018 contre 85 522 € en 2017 et 92 166 € en 2016). Michel Lucas observe également une dégradation de la marge brute /UMO dans le système dit dépendant, et ce depuis 2016, époque à laquelle il était en tête pour ce critère. Depuis 2016, la qualité des cultures fourragères a permis aux systèmes autonomes d’afficher une très bonne production par chèvre (951 litres) et ainsi de faire progresser la marge brute par UMO.  

Idée # 5 : Le système idéal n’existe pas

Après analyse individuelle de chacun des trois systèmes étudiés, Michel lucas estime qu’il existe plus d’écart au sein de chaque système qu’entre les différents groupes. Fondamentalement, le choix de stratégie de l’exploitant doit être en cohérence avec la globalité de l’exploitation.

Idée # 6 : Les éleveurs investissent dans les traitements curatifs

En étudiant en détail les charges des exploitations, le BTPL a mis en avant une augmentation des frais vétérinaires destinés à la prévention et parallèlement une diminution de ceux consacrés aux actes curatifs. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les chevrettes.

 

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