Terre de liens publie un rapport alarmiste sur le foncier agricole, dont « 20 % de la surface va changer de mains d’ici 2030 ».
À l’approche des élections présidentielles, Terre de Liens appelle les candidat(e)s à s’engager pour une grande loi sur les terres agricoles bâtie autour de quatre grands principes : « préserver les terres agricoles et leur usage agricole, faciliter l’accès aux terres aux porteurs de projets agricoles, favoriser des pratiques agricoles vertueuses, développer une politique ambitieuse d’installation de nouvelles générations de paysans ».
A cette occasion, le réseau associatif a publié, le 21 février, un rapport sur L’état des terres agricoles en France. Le constat qu’il dresse est accablant : « artificialisation galopante, dégradation des sols, concentration des terres, ultra-spécialisation des fermes et non-renouvellement des générations paysannes, les attaques que subit la terre sont aujourd’hui nombreuses et connaissent un rythme effréné. Chaque année, c’est une surface équivalente à la capacité à nourrir une ville comme le Havre qui est perdue. Dans un mouvement parallèle tout aussi inquiétant, aujourd’hui deux tiers des terres libérées par les agriculteurs qui partent en retraite partent à l’agrandissement de fermes voisines, réduisant ainsi drastiquement les terres disponibles pour de nouvelles installations. »
« Une ferme sur trois est transmise »
« L’agrandissement des fermes s’est accompagné d’une baisse des emplois sur celles-ci. En 20 ans, 320 000 emplois agricoles (équivalent temps plein) ont été détruits. La dynamique de concentration des terres, déjà fortement préoccupante, va s’emballer avec le départ à la retraite prévu d’un nombre important d’agriculteurs et d’agricultrices dans les dix prochaines années. Rares sont les fermes qui parviennent à se transmettre à un nouveau paysan, en particulier en dehors du cadre familial. Aujourd’hui, près d’une ferme sur trois seulement est transmise. »
« Sans une intervention forte et volontariste des pouvoirs publics, ces millions d’hectares de terres agricoles nouvellement libérés iront majoritairement agrandir les fermes voisines, qui seules auront les capacités financières pour les racheter… au risque d’une fuite en avant de la taille des fermes, et de pérenniser des modèles agricoles insoutenables pour l’environnement et peu souhaitables du point de vue économique et social, participant à la désertification des territoires ruraux », fait encore valoir Terre de liens.
BC