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Les éleveurs laitiers se racontent

Les producteurs de lait sont attachés à leur métier et fiers du travail accompli. Mais ils souffrent d’une surcharge de travail, de revenus insuffisants et se pensent mal aimés des Français. Le baromètre social annuel du Cniel est riche d’enseignements pour l’attractivité et l’avenir de la filière.

A l’été 2020, l’interprofession laitière (Cniel) a interrogé plus de 800 éleveurs (1) sur l’acceptabilité sociale de leur métier. Les 16 questions posées se répartissent selon cinq grandes thématiques : reconnaissance de l’image des éleveurs, sécurité économique et avenir, attachement au métier et recherche de sens, charge de travail et pénibilité, soutien et partage. La satisfaction globale ressort à 54,5/100, contre 53,9/100 lors d’une précédente enquête réalisée en 2019. Une grande stabilité qui montre que « l’image de la filière n’a pas souffert du premier confinement », souligne Noëlle Paolo, responsable des études au Cniel . A l’inverse, la note de 60/100, qui serait jugée en accord avec le plan de filière « France Terre de Lait », n’est pas atteinte.

En positif, plusieurs items se distinguent : la fierté (7,9/10) et l’attachement au métier (7,7), le soutien témoigné par les proches (6,9), l’entourage professionnel (6,2) et les pairs (5,6), mais aussi l’épanouissement personnel (6,8). A l’autre bout du spectre, la pénibilité (3,8), la charge de travail (3,9), le stress (4,3), le manque de temps libre (4,8) et la reconnaissance par les Français (4) ferment la marche. Ce dernier ressenti surprend dans la mesure où les sondages nationaux montrent au contraire la très bonne opinion (à 70 %) de la population générale à l’égard des agriculteurs. Ce décalage est sans doute à mettre au compte de l’agri-bashing, durement vécu par les éleveurs, estime Noëlle Paolo. Les questions relatives à la situation économique se situent autour de la moyenne : rentabilité (5,6), revenu acceptable (5 : 19% se notent 8 et plus sur ce critère, mais 41% à 4 et moins), optimisme pour l’avenir (4,9). Seuls 19% des éleveurs Le sentiment d’isolement (5,7) domine là « où le tissu agricole s’est distendu ».

Pas envie de produire plus

L’indicateur de satisfaction globale varie peu d’une région. En revanche, il affiche des scores supérieurs chez les éleveurs bio (61,6/100) ou AOP (57,8), les installés depuis moins de 10 ans (60,5), les moins de 45 ans (57,7), les associés en Gaec (56,9), les mieux formés (56,7 chez les titulaires d’un bac pro ou plus) et les zones de montagne ou de piémont (56,5). Les éleveurs les moins satisfaits se recrutent parmi ceux dont le lait représente moins de 50 % du revenu.

Quelque 32 % des éleveurs envisagent de réduire ou de cesser la production laitière (retraite ou raisons de vie privée plutôt que financières) – cette proportion atteint 37% en Bretagne et en Pays de la Loire, mais ne dépasse pas 24% en Normandie. Seuls 11% des éleveurs envisagent d’accroître leur production, tandis que 53 % pensent la stabiliser à son niveau actuel.

BC

(1) Enquête réalisée au téléphone par le cabinet d’études marketing ADquation du 10 août au 14 septembre 2020 auprès de 802 chefs d’exploitation (49 ans d’âge moyen) élevant au moins 20 vaches et livrant à une laiterie coopérative ou privée. L’élevage enquêté type possède 119 ha et détient 68 vaches à 7 240 l/an.

A lire également : Les éleveurs parlent de leur travail (11 février 2021)

A téléchargerLa filière laitière, un concentré des mutations agricoles contemporaines (ministère de l’agriculture, 18 mai 2021)

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