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La silphie, plante à double fin

Récoltée à la fin du printemps, elle sera utilisée en fourrage. A la fin de l’été, elle conviendra mieux à la méthanisation.

Dans le cadre d’une visioconférence organisée par Eilyps le 26 janvier, Amédée Perrein, gérant de la société Silphie France, a présenté cette plante originaire des régions tempérées d’Amérique du Nord qui couvre plus de 10 000 ha en Allemagne. Cette Astéracée (Silphium perforliatum) de bonne hauteur (1,8 à 3,5 m selon la qualité du sol) arbore, de la mi-juillet à la fin septembre, de grandes fleurs jaunes mellifères (jusqu’à 150 kg/ha de miel). Elle peut mettre en avant plusieurs atouts : elle est pérenne (15 ans et plus), elle ne plaît pas trop aux sangliers, elle peut vivre sous l’eau pendant deux mois et demi, elle résiste à des froids polaires (- 40 °C) après implantation, elle ne nécessite pas de traitement phytosanitaire dès la 2e année d’implantation, enfin elle résiste bien à la sécheresse : « son chevelu racinaire qui descend à 2,5 mètres de profondeur lui confère 3 à 4 semaines de résistance supplémentaires », explique Amédée Perrein. Côté fertilisation, il faut compter 100 à 160 kilos d’azote à l’hectare pour atteindre un rendement de 12 et 20 tonnes de matière sèche (MS) avec la variété Abica Perfo en phase de croisière. « Reconnue plante écologique européenne, elle consomme plus d’azote qu’elle n’en reçoit. » Le digestat de méthanisation est « très bien assimilé par la silphie. Cependant, la fertilisation doit avoir lieu relativement tôt afin d’éviter d’endommager le sol et de ne pas dépasser 50 m3/ha. Un épandage au printemps et un fractionnement en 2 passages à 1 mois d’intervalle est préférable. »

Le semis (1 600 à 2 000 €/ha), réalisé avec un semoir monograine pneumatique, peut se dérouler du 20 avril au 5 juin, de sorte à éviter le gel des jeunes plantules, dont les taupins sont par ailleurs friands. « Un faux semis est recommandé, surtout en bio. » Un apport d’engrais starter phosphaté aussi. La silphie peut être semée en association avec un maïs pour disposer d’un minimum de fourrage la première année (un essai avec un sorgho dans les Vosges n’a, en revanche, « pas marché »). Mais ce n’est pas ce que recommande Amédée Perrein. « La semer en pure lui permet de donner tout son potentiel car l’écartement des rangs est plus étroit. » Autre recommandation : éviter de l’implanter derrière un colza. « La silphie Abica Perfo se positionne sur tout type de sols, y compris les sols drainés. En revanche, pour atteindre ses plus hauts rendements, le choix d’un terrain à tendance humide avec un pH neutre à basique est préférable. Pour faire simple, la silphie se sème dans les terrains où le maïs ou la luzerne se plaisent. »

« Une garantie de stock au 15 juin »

Orientée vers une méthanisation, la silphie est ensilée à la fin août ou au début septembre afin de maximiser le tonnage : « 30 à 40 tonnes brutes à l’hectare en 2e année, 60 à 80 tonnes brutes dès la 3e année, avec des pointes au-dessus de 100 t/ha en Allemagne. En France, un résultat à 22 tMS/ha a été mesuré ». Si elle est plutôt destinée à nourrir des bovins, la silphie sera préférentiellement récoltée au début juin pour éviter que les tiges et les feuilles inférieures ne deviennent trop dures et perdent en appétence. Une deuxième coupe, éventuellement précédée d’une fertilisation, reste néanmoins possible, d’autant que « la variété Abica Perfo ne contient aucune substance toxique pour les bovins », assure Amédée Perrein.

Récoltée à un stade optimal, la silphie affiche des valeurs énergétiques de 0,89 UFL en lait et 0,82 UFV en viande pour une digestibilité de la matière organique de 73 %. Le taux de protéines brutes s’établit à 13,4 % de la matière sèche (MS) pour 79 g/kg de PDIN, 58 g/kg de PDIE et une dégradabilité théorique (Dt) des protéines dans le rumen de 84 %. Les valeurs d’encombrement du fourrage atteignent 1,20 en bovin lait et 1,32 en bovin viande. « Vous n’aurez pas plus de lait ou de viande qu’avec un maïs, mais vous aurez une garantie de stock au 15 juin, quel que soit le climat de l’année ». La silphie ne coule pas au silo pourvu qu’elle soit récoltée à 25 % MS au moins. Elle sera tassée comme un maïs et ensilée avec un conservateur (acide formique) même si elle ne développe pas de mycotoxines, assure encore Amédée Perrein.

BC

A noter : Des Silphie Days se tiennent les 27 et 28 août 2021 dans les Vosges.

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