Dernières nouvelles

Climat : le pire n’est pas encore sûr

La température en métropole progressera de 1°C à 3,9°C d’ici à 2100 selon que les émissions de gaz à effet de serre seront – ou non – endiguées, prévoit Météo France. 

Météo France a rendu publiques, le 1er février, de nouvelles projections climatiques de référence pour la métropole bâties sur trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre définis dans le 5e rapport du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Ces scénarios RCP(1) se répartissent entre deux scénarios extrêmes (les RCP2.6 et RCP8.5) et un scénario intermédiaire (RCP4.5). Le RCP2.6 décrit un monde très sobre en émissions de gaz à effet de serre, dans lequel le réchauffement global ne dépasserait pas 1°C (0,6 à 1,4°C selon les projections) entre la période de référence (1976-2005) et 2100. Le RCP8.5 décrit un futur sans régulation des émissions, menant à 3,9°C (3,2 à 4,9°C) de réchauffement global d’ici à la fin du siècle. Le scénario RCP4.5 décrit une voie intermédiaire, dans laquelle les émissions continuent de croître pendant quelques décennies, se stabilisent puis dé­croissent avant la fin du 21e siècle : le réchauffement atteint 2,1°C (1,6 à 2,7°C).

2 à 10 fois plus de vagues de chaleur

« La température moyenne est en hausse pour les trois scénarios, avec une hausse continue jusqu’en fin de siècle pour le RCP4.5 et le RCP8.5, pour lesquels les valeurs médianes atteignent respectivement +2,1°C et +3,9°C, mais jusqu’à +2,7°C et +4,9°C dans l’enveloppe haute de la distribution. Ce réchauffement, plus marqué l’été que les autres saisons, présente sur la métropole un gradient sud-est/nord-ouest avec une évolution plus forte d’environ +1°C sur la partie est du pays. Cette évolution de la température se traduit aussi sur les extrêmes. Le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicules est en hausse dans tous les scénarios avec une intensité dépendant fortement du scénario et de l’horizon temporel. En fin de siècle, le nombre de jours de vagues de chaleur pourra doubler avec un scénario RCP2.6 mais être multiplié par un facteur 3 à 4 en RCP4.5 et 5 à 10 en RCP8.5. Les nuits tropicales, quasi inconnues dans le nord de la France, pourront revenir régulièrement en scénario RCP2.6 tandis que leur nombre pourra atteindre (hors région méditerranéenne) 15 à 25 jours en scénario RCP4.5 et 30 à 50 jours en RCP8.5. »

1 jour de gel par an ?

« À l’inverse, le nombre de jours de vagues de froid ou de gelée est en baisse dans tous les scénarios avec une intensité dépendant fortement du scénario et de l’horizon temporel. En fin de siècle, le nombre de jours de vagues de froid pourra être divisé par 2 avec un scénario RCP2.6 mais se réduire à 1 jour par an en moyenne en RCP4.5 et RCP8.5. À l’identique, le nombre de journées de gel pourra être divisé par 2 en scénario RCP2.6 tandis qu’en scénario RCP4.5 et RCP8.5, les gelées pourront devenir un événement rare. »

Plus de pluie l’hiver, moins l’été

« Concernant les précipitations, le cumul moyenné à l’échelle de la France est en légère hausse pour les trois scénarios : entre +2% et +6% selon les horizons et scénarios. Cette hausse faible est cependant assortie d’une grande incertitude selon les modèles, pouvant inverser le signe de la tendance quel que soit le scénario. Cette évolution connaît une forte modulation saisonnière avec une hausse systématique en hiver, souvent supérieure à +10% et, à l’inverse, une baisse quasi systématique en été, se renforçant au cours des horizons pour atteindre -10 à -20% en fin de siècle avec les scénarios RCP4.5 et RCP8.5. Cette évolution des précipitations présente aussi une variabilité géographique marquée avec un gradient nord/sud ou nord-est/sud-ouest se traduisant par une hausse plus marquée sur la moitié nord et une baisse sur certaines régions de la moitié sud. »

« L’évolution des extrêmes liés aux précipitations présente plus d’incertitudes. L’intensité des pluies extrêmes augmente légèrement tout au long du siècle sur pratiquement tout le territoire et avec les trois scénarios RCP considérés. Les régions les plus concernées par cette évolution sont celles de la moitié nord, notamment les frontières du nord et nord-est et le littoral de la Manche. L’intensité de la hausse attendue, de 3 à 6 mm, correspond à une variation de l’ordre de 10%. »

Sécheresse : l’Ouest pas à l’abri

« L’évolution de la durée des épisodes des sécheresses météorologiques dépend du scénario et de l’horizon temporel considéré. En scénario RCP2.6, la durée de ces épisodes évolue peu, voire diminue. Avec les scénarios RCP4.5 et RCP8.5, ces épisodes augmentent en fin de siècle, respectivement de l’ordre de 5 à 10 jours, soit une augmentation de 30 à 50%. Les régions les plus concernées par ces évolutions sont celles de la moitié sud-ouest du pays, et notamment le pourtour méditerranéen, le bassin aquitain et l’ouest de la France (Bretagne et Pays de la Loire). »

« L’évolution des vents forts en France a aussi été étudiée et présente une grande incertitude liée aux modèles climatiques, plus qu’au scénario socioéconomique ou à l’horizon temporel. Les régions ayant une plus forte probabilité de renforcement du vent sont le quart nord-est, voire la moitié nord. À l’inverse, la probabilité la plus forte de diminution concerne la moitié sud et particulièrement le sud-ouest. »

BC

(1) Representative Concentration Pathways

Lisez également

14 % du lait de chèvre est valorisé via une AOP

En 2022, les volumes commercialisés en produits laitiers AOP(1) ont atteint 253 134 tonnes. Ils enregistrent une légère baisse par rapport à 2021 (- 2 %). Le chiffre d’affaires correspondant est estimé à 2,5 milliards d’euros. Au total, 14 277 producteurs laitiers sont engagés dans une ou plusieurs démarches AOP.