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Les leçons de l’été 2019

« La saison herbagère se termine et l’heure est au bilan pour cette année une nouvelle fois atypique », constate l’interprofession des semences (Gnis) qui suggère aux éleveurs un certain nombre de pistes pour « améliorer » ou « adapter » leur système fourrager.

« 2019 a été marquée par de forts contrastes climatiques quant aux températures et à la sécheresse, auxquelles les plantes comme les animaux et les hommes ne sont pas habitués. Au printemps, l’herbe a démarré très vite, puis s’est ralentie et s’est arrêtée. Il en résulte un surpâturage des prairies et la distribution de stocks fourragers qui étaient destinés à l’hiver. Le coût de ce fourrage récolté est sans commune mesure avec le coût d’un fourrage pâturé directement par l’animal », souligne le Gnis dans un communiqué du 21 octobre.

Observer ses prairies

« Procéder à l’état des lieux de ses prairies implique de faire le tour des parcelles, d’observer la hauteur de l’herbe, de vérifier si il y a des espaces vides, des refus et quelles sont les espèces présentes. La sécheresse exceptionnelle et la chaleur ont pu provoquer la mortalité de plantes et les espèces qui réapparaissent après le retour de la pluie sont des plantes pionnières comme des pâturins ou du mouron. Le pâturin commun est appétant, de bonne valeur alimentaire, mais possède des racines superficielles et disparaît vite au début d’une période sèche. D’autre part, ce dernier nuit au développement des graminées de fort intérêt comme le ray-grass anglais. Si les pâturins sont très présents, sans être mélangés intimement à des espèces de premier intérêt, il faudra refaire le point au printemps pour éventuellement penser à un sursemis. A l’automne, il n’est plus possible d’envisager un sursemis après le 15 septembre. »

Adapter ses pratiques

« En fin de saison, il convient de respecter une certaines hauteur d’herbe et de ne pas descendre en dessous de 5 cm. Le surpâturage d’automne provoque de la nanification chez certaines graminées car c’est la période où la plante régénère son système racinaire. Le surpâturage favorise l’implantation des adventices, quelle que soit la période de l’année. Il ne faut pas non plus laisser une végétation trop haute pour l’hiver car la masse végétale fane, jaunit et le redémarrage au printemps suivant est très pénalisé. Si c’est le cas, il est conseillé de laisser quelques animaux à faibles besoins ou même de passer le broyeur. »

Favoriser les vers de terre

« Avant l’hiver, il faut aussi penser à la fertilité et au pH. L’apport de fumier vieilli est idéal, non seulement en tant qu’éléments fertilisants, mais aussi pour favoriser l’auxiliaire essentiel qu’est le ver de terre. Celui-ci dégrade la matière organique, brasse les différents horizons de fertilité et ses galeries sont drainantes et aèrent le sol. Tout ceci favorise les plantes à racines profondes qui résistent mieux à la sécheresse et à l’arrachement. Aucun outil agricole ne peut rivaliser avec les vers de terre, et ceci gratuitement ! Leurs besoins sont réduits : un peu de matière organique fraîche, de l’air et de la tranquillité. La répartition de l’épandage peut se faire en tenant compte des zones où il y a beaucoup de déjections alors qu’il y en a moins à d’autres endroits. L’amendement organique doit bien sûr être prioritaire dans les parcelles de fauche. Une tonne de matière sèche nécessite 25 unités d’azote, 8 de phosphore et 28 de potasse ! Dans le cas de prairie semée, un bon niveau de fertilité permet aux plantes d’exprimer leur potentiel. Le pH doit aussi être pris en compte, voire considéré en premier plan. Un bon pH (> 6,2) favorise les légumineuses qui elles-mêmes favorisent les bonnes graminées. Pour remonter d’un demi-point de pH, il faut environ 750 kg de CaO . »

Les « bonnes » espèces

« Pour les années futures, on peut aussi repenser son système fourrager en choisissant des espèces intimement mélangées dont chacune répondra aux divers scénarios climatiques. 2019 a mis en avant les espèces qui ont le mieux résisté : luzerne, dactyle, fétuque élevée, lotier, trèfle blanc. Le ray-grass anglais, quant à lui, a cessé de produire mais n’est pas mort. De plus, sa morphologie gazonnante a permis d’occuper la strate inférieure et ainsi de limiter l’invasion des adventices. »

« On peut aussi envisager la gestion de stocks de fourrages sur pied en privilégiant la qualité. Pour cela, il faut choisir des espèces et des variétés tardives, avec une bonne proportion de légumineuses, en prenant en compte des critères variétaux comme la résistance aux maladies, la remontaison. Il faudra, dans ce cas, adapter le mode d’exploitation avec notamment le pâturage au fil lorsque la végétation est haute. »

Autres solutions pour 2020

« Pour les cultures fourragères annuelles, il est possible de semer de la betterave fourragère qui démontre une exceptionnelle capacité à survivre à la canicule, puis à redémarrer avec même un rattrapage du temps perdu ! Et de surcroît, cette dernière peut se pâturer au fil. C’est donc à prévoir dans son assolement dès maintenant. »

« De même, les semis de prairies sous couvert de méteil ou de céréales permettent de sécuriser l’implantation, période où les plantules peuvent être sensibles aux coups de chaleur ou de sécheresse. »

D’après un communiqué du Gnis

 

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